questions et réponses

 
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Comment s’est déroulé le protocole pour les patients ICCARRE ? Quelle a été le suivi médical ? Les contraintes ?

Au tout début, la réduction du traitement s’est effectuée très lentement et progressivement.

Les patients étaient informés du caractère exploratoire de ce traitement allégé, qui se basait sur une étude américaine limitée*, très audacieuse. Ils signaient un accord.

En 2003 la réduction s’appliquait tout d’abord le dimanche, avec un contrôle de charge virale rapproché tous les deux mois, puis ensuite, six mois plus tard, la réduction fut appliquée le week end, samedi et dimanche, pour enfin encore six mois plus tard parvenir à 4 jours par semaine.

Le suivi médical a été intensifié avec visite et examens biologiques tous les deux mois. C’est la principale contrainte du suivi ICCARRE.

Aujourd’hui, la réduction de 7 à 4 jours peut s’effectuer directement, sans phases intermédiaires de 6 ou 5 jours, sauf pour les patients anxieux qui vont préférer procéder par étapes, mais sinon c’est inutile.

* Le protocole ICCARRE a été inspiré par une étude américaine effectuée en 1999-2000 aux Etats-Unis sous la direction du Professeur Anthony Fauci (star de la recherche au NIH à Bethesda). On avait demandé à 10 patients HIV + sous traitement efficace depuis plus d’un an d’interrompre leur traitement 7 jours pour le reprendre les 7 jours suivants. Et cela durant 52 semaines, le tout sans retour de VIH pendant les 208 semaines sans ARV : soit un traitement par intermittence de 50 % ! Des publications évoquèrent ces prouesses thérapeutiques rondement culottées ! (en 2001 et 2004).

 

Je souhaite entrer dans un protocole de réduction du traitement façon ICCARRE, comment faire ?

Deux possibilités actuellement :

1) Entrer dans l’essai QUATUOR.
La plupart des centres hospitaliers français participent à l’essai Quatuor. Parlez-en à votre médecin infectiologue.
(voir liste des centres hospitaliers)

2) Convaincre votre infectiologue d’accepter de pratiquer la réduction des traitements selon le protocole QUATUOR.
Vous devez obligatoirement vous entendre avec l’un d’eux pour qu’il conduise votre réduction à 4 jours par semaine et effectue tous les contrôles médicaux (en particulier votre virémie) toutes les 10-12 semaines.
A lui de décider si votre passé avec les antirétroviraux, vos échappements éventuels du VIH et l’émergence de virus mutants résistants à tel ou tel antiviral, vous permettent d’y aller sans risque.

Si aucune de ces deux solutions ne s’avère possible, il vous faudra attendre les résultats de l’essai QUATUOR et les modifications des recommandations officielles de prescription établies par les autorités sanitaires.

Rappelons que cette réduction du traitement ne doit en aucun cas se pratiquer en dehors d’un suivi médical assuré par un professionnel de santé spécialisé.

Quels sont les risques de s’engager dans ce protocole ? Qu’en est-il du possible échappement du virus, de résistance, etc. ?

Les quatre jours sur sept ne sont pas recommandés chez certains patients.

1) Les patients qui ont déjà du mal à suivre régulièrement leur traitement.
Si vous ne parvenez pas à être constant dans le suivi de votre traitement, il est peu probable que vous parviendrez à suivre rigoureusement le rythme intermittent d’ICCARRE.

2) Certains rares patients ont dans leur VIH trop de mutations de résistances.
Après des échecs de traitement successifs l’intermittence est plus complexe à mettre en place.
Il faut notamment éviter les pseudo-trithérapies intermittentes bancales, celles qui ne donnent pas au patient deux antiviraux synergiques effectifs, c'est-à-dire deux antiviraux vis-à-vis duquel le virus muté du patient reste sensible.
Seconde précaution pour ces patients : pas de 4 jours sur 7 s’il ne reste sur le papier au moins une combinaison triple de sauvetage, pour le cas où le virus multi-résistant d’avant ICCARRE échapperait au contrôle sous ICCARRE. En clair, pouvoir remettre un couvercle antiviral efficace sur le HIV en cas de sa « sortie » éventuelle.

Attention, encore une fois, à ne pas s’engager seul sans le suivi médical d’un expert !

 

Combien de temps faudra-t-il attendre pour voir cet allègement facilement accessible ?

Il faudra attendre les résultats de l’essai QUATUOR (2020), puis les résolutions des autorités réglementaires sur le sujet… Soit quelques années supplémentaires… A moins que …

Si la pratique de l’intermittence des traitements se développe, sous l’impulsion à la fois des patients séropositifs, et des médecins désirant répondre à leur demande, une recommandation temporaire de prescription permettrait aux médecins volontaires de prescrire les 4 jours de traitement sur 7 du protocole QUATUOR.

Y’a-t-il eu des échecs ? A quoi ont -ils été attribués ? Comment ont-ils été « rattrapés » ?

Il y a échec thérapeutique lorsque le virus échappe au contrôle et que la charge virale repasse au-dessus de la barre des 200 copies.

Les rares échecs ont été expliqués soit par une mauvaise observance du traitement (les patients ne respectent pas le protocole, n’absorbent donc pas assez de médicament ou arrêtent totalement le traitement), soit parce que l’on n’avait pas pris en compte la spécificité de leur virus (les virus mutants résistants antérieurs n’avaient pas été pris en compte pour ajuster leur trithérapie).

Dans l’essai ANRS 4D, sur 100 patients 96 sont restés en charge virale indétectable durant toute la durée de l’essai. 4 patients ont été sortis de l’essai dans les 2 mois suivant leur « entrée », sorties comptabilisées « échecs » selon les règles scrupuleuses de l’essai.

Il faut noter qu’à chaque fois qu’il y a eu un échappement du virus dans le cadre d’une prise intermittente du traitement, il y a eu un rétablissement de la charge virale indétectable dès que le traitement a été repris 7 jours sur 7.

Ensuite, une fois que le virus est « rattrapé » par un traitement adapté et efficace, il est possible de reprendre l’intermittence : autrement dit, un ICCARRE « raté » n’interdit pas la réussite d’un ultérieur deuxième.